dimanche 31 juillet 2011

Fin de la boucle atlantique 2011.




















Nous voici donc de retour à La Turballe, fin du voyage 2011 du  « Mergule » qui  a accumulé les « milles » sans  jamais se plaindre bien qu’il ait été  malmené quelques jours par des conditions peu confortables…. pour nous également .
Après l’île d’Yeu,  où nous sommes restés bloqués 6 jours, la nouvelle dépression qui pointait son nez  s’étant bien installée sous nos cieux , rajoutant 2 jours de mer trop agitée pour partir sereinement….. Mais la vie sur Yeu n’a rien d’un bagne : bonnes crêpes, glaces, vélo, balades découvertes etc… et clou du séjour sur l’île deux jolies dorades grillées à l’abri de vent derrière un rocher sur la plage ... miam miam.
Après notre escale prolongée sur Yeu, nous avons mis les caps sur Belle-Ile , Port-Louis (à côté de Lorient), Sainte-Marine (à côté de Benodet),  le mouillage de Ste Evette (à Audierne), le passage du Raz de Sein  (notre cap Horn de l’Europe.. !!) , Douarnenez, puis retour à nouveau par le Raz de Sein pour retrouver La Turballe.


Revenons sur ces journées de navigation :


click ici:video "attaqués"  par 'un bateau de pêche
L’étape Yeu/Belle-Ile a été assez éprouvante :12h de navigation pour 65 milles (117 km)  au près, donc en tirant des bords dans une  mer qui tapait passablement  par 4-5 Beaufort de vent  de face, l’étrave du Mergule jouant en alternance le sous-marin et la scie sauteuses dans les vagues  qui nous arrosaient copieusement. Il faut savoir qu’un mini 6.50 comme le nôtre n’est pas un bateau de croisière confortable: tout y est vite mouillé, la place est inexistante pour faire sécher les affaires à l’intérieur et lorsque la mer tape dur les moindres gestes sont difficiles à réaliser à l’intérieur... le travail à  la carte et le suivi de la navigation y sont également particulièrement éprouvants dans ces


conditions…. on ne parle même pas du seau WC pour les dames…Petite pensée admirative aux « ministes », compétiteurs (-trices) sur ce type de bateaux qui « s’envoient » des navigation de longue durée dans  des conditions souvent bien pires, l’apothéose de leurs compétitions étant la traversée de l’atlantique en solitaires… avec les mêmes bateaux que nous……. 



Revenons à nos « moutons atlantiques écumants » qui ne nous ont pas quittés de toute la journée….  
enfin le port du Palais à Belle-Ile  en fin de journée…

Le port du Palais
Le lendemain malgré de belles conditions de vent l’humeur était à la visite terrestre en scooter de Sauzon et de la magnifique partie sud de l’Ile pas visitée en 2009. 

Sauzon
Port Maria
"On dirait le Sud"
Pointe du Skeul
le secret de l'érosion

Encore du  « près », mais cette fois-ci moins inconfortable, avec toutefois un peu de brume pour l’étape suivante qui nous à menés à Port Louis, petite bourgade chargée d’histoire médiévale et Renaissance qui abritait le comptoir des Indes et un fort historique.  Le port est très accueillant . Le temps nous manquant pour aller visiter le grand port de Lorient et la cité de la voile « Eric Tabarly » sur la rive d’en face nous en profitons pour satisfaire notre gourmandise par un bon repas de la mer dans un resto.

click ici: vidéo étapes au près . On ne sort l'appareil photo que lorsque cela ne mouille pas trop....

Après Lorient encore un jour de près bien « tapant » pour rallier Sainte-Marine à l’embouchure de l’Odet, encore des bords à tirer, des vagues à fendre, toujours du froid, les polaires, cirés etc … Nous râlons mais au moins nous naviguons, nous nous faisons plaisir (nous sommes quand même un peu masos). Il est intéressant et ludique de tracer sa route le plus intelligemment possible, de tirer parti des bascules de vent, des effets de côte, de la géographie etc … pour  composer son trajet, bien régler ses voiles pour « gratter » d’autres voiliers sur la  même route et se dire que nous sommes meilleurs que tel ou tel plus gros bateau normalement plus performant…
A sainte-Marine, 
port de pêche de Sainte-Marine
petit port extrêmement sympathique nous avons le plaisir d’aller boire deux bonnes « Britt » la bière du marin breton, avec Hervé, un collègue de J-L qui vient de commencer ses vacances dans la maison familiale. C’est un plaisir de l’entendre raconter sa passion bien compréhensible de cette sympathique bourgade et ses environs dans lesquels il revient chaque été depuis quelques dizaines d’années.

Un quatrième jour de près pour rallier Audierne….. départ au moteur car peu de vent,

la pêche au casier au premier plan,
au second plan le chalutage,
et dans le fond, la plaisance


C'est ça la pétole.... Eole en grève

puis celui-ci monte agréablement à 3-4 Bf. Nous nous permettons une petite régate amusante avec un grand voilier qui n’arrive pas à nous dépasser et qui arrivera bien plus tard au port le soir…
Petite séquence « émotions fortes » vers la pointe de Penmarch que nous doublons prudemment à bonne distance en raison des hauts fonds qui parsèment cette zone. Et, tout d’un coup, sans crier gare, la brume nous tombe dessus, visibilité réduite à 100m, alors que par endroits le soleil est encore visible au dessus de nous. Le vent monte un peu, des effets de côte avec les courants de marée lèvent une mer croisée assez désagréable et peu sympathique avec la  houle qui vient tout droit du milieu de l’atlantique.  Christine à la barre gère très bien les difficultés et la trajectoire du Mergule reste bien maîtrisée.

Le spectacle est un peu inquiétant, la brume amplifie l’irrégularité de la mer et des formes  étranges sortent de nulle part alors que nous sommes à l’affût des bruits  alentours, la zone étant habituellement bien fréquentée par les pêcheurs.  click ici: video chalutier dans les vagues   difficile de ne pas trop bouger avec la houle...



Notre « Mer-Veille »,  le détecteur de radar est allumé. Celui-ci nous permet simplement  de localiser approximativement la direction d’un bateau qui serait équipé d’un radar.
Par contre avec ce système il nous est impossible de pouvoir repérer un bateau sans radar qu’il soit à voile ou à moteur.
On n’y voit vraiment rien lorsque tout d’un coup un bruit de moteur nous « enveloppe », et se rapproche assez rapidement… on tend l’oreille , impossible de savoir d’où il vient, il devient vraiment fort, vient droit sur nous, on ne voit toujours rien, le bruit devient assourdissant et passe à quelques dizaines de mètres au dessus de nos têtes… ce n’était qu’un avion avec un bruit de moteur inconnu, probablement un de ces gros avions  militaires à hélice… quelle trouille il nous a fichue, l’abruti….

La soirée au mouillage de sainte Evette à Audierne se passe à étudier tous les paramètres nécessaires à planifier notre passage de la pointe du Raz par le Raz de Sein le lendemain.

Fichier:Chausseedesein.gif
Schéma du raz de sein ( wikipedia) 


Ce passage, qui  peut être très difficile et dangereux selon les conditions  doit être passé de manière très planifiée en terme d’horaire et de trajectoire en tenant compte de la météo, de la direction et force du vent, de la direction de la houle du jour du coefficient de marée, des courants de marées et leur variations au cours de la journée etc… Il faut éviter de passer vent contre courant, si l’un des 2 paramètres est modéré ou fort la mer peut être alors terriblement  dangereuse.  click ici pour voir la video de la pointe du Raz (lors de notre voyage terrestre en bretagne en mai 2011, conditions calmes )
Bref, ce passage ne s’improvise pas.
Le lendemain, le vent devrait donc être NW 3 Bf, la houle d’ W, nous nous dirigeons du sud au nord, nous sommes dans un petit coefficient de marée. La lecture des manuels et des cartes est attentive et nous prédéterminons donc l’horaire, la trajectoire etc … Nous décidons que nous devrions être à l’entrée du passage à l’étale ou la renverse (le moment où le courant s’annule et la mer se calme), à 13h30. Et que nous passerons le Raz de Sein entre 13h30 et 14h30.
Nous nous disons aussi que s’il y a de la brume nous n’y allons pas …

Le passage du Raz de Sein :

Le lendemain,  le soleil brille, la mer est belle mais un peu de brume est crochée vers la pointe où  nous nous dirigeons. Nous avons un petit peu d’avance sur l’horaire, nous ralentissons l’avance du bateau. La brume ne semble pas très épaisse et  nous continuons  tant que la visibilité reste encore gérable; la brume donne l’impression quelle va se lever…. Et bien non… !! en fait  avec notre petite avance sur l’horaire et notre difficulté à ralentir notre bateau de course (le désavantage d’un bateau de course c’est qu’il est difficile à ralentir…) nous nous retrouvons dans le Raz un peu trop tôt avec une visibilité complètement nulle. 
Christine à la barre sent bien les courants, confirmés par J-L à la carte et au GPS.



Les courants nous donnent un peu de fil à retordre pour la maîtrise de la route dans une visibilité limitée entre 50 et 100 mètres. Le point GPS est relevé toutes les 5 minutes sur la carte et nous sommes impressionnés de notre dérive en direction de Tevennec et ses hauts fonds. Notre GPS n’est pas équipé de cartographie intégrée, ce qui rend l’exercice  de navigation plus  difficile….Correction de la trajectoire… la barreuse est concentrée et se joue des difficultés tandis que le navigateur suit l’évolution du Mergule vague après vague sur la carte… Comme nous sommes encore dans la phase vent contre courant la mer prend à nouveau des formes et une texture bizarres vaguement inquiétante. Le  détecteur de radar est allumé, il sonne sans discontinuer et clignote sur tous les quadrants indiquant la présence de bateaux équipés de radars dans toutes les directions, nous n’entendons toutefois rien, nous ne voyons rien … soudain, une fois, puis une seconde fois, sortis de nulle part, nous croisons deux voiliers avec GV (Grand Voile) hissée, naviguant au moteur  et un peu malmenés dans les vagues. Le Mergule, lui,  navigue entièrement à la voile, GV hissée et Solent à l’avant ... Notre petit moteur hors-bord  4 CV ne servirait pas à grand chose dans ces parages….
Entre deux escapades dans la cabine pour tracer notre route sur la carte, J-L souffle dans la corne de brume, 

le navigateur signale notre présence

on nous répond à proximité, nous écarquillons les yeux sans rien voir… ambiance, ambiance.
click ici: video aller -retour Raz de sein-Douarnenez 

Nous mettons à profit la petite panne de vent après la sortie du Raz pour sortir la ligne de traîne et Christine pêche un joli maquereau pour l’apéro.
La brume ne disparaîtra qu’à la fin du premier tiers de la baie de Douarnenez dont les falaises apparaîtront progressivement.

Progressivement les contours de la baie se dévoilent autour de nous
La fin de la navigation vers Douarnenez est un régal, 4 Bf bien établi , allure bon plein–travers ... le Mergule file « à donf ».
Donc pour le passage du Raz de Sein… nous n’avons rien vu du paysage à l’aller…  et dire que nous nous étions dit que nous ne le ferions pas avec la brume …

Après notre nuit au port de Douarnenez, 

il est malheureusement temps de faire demi- tour, direction la Turballe, la fin des vacances approchant…. Nous n’avons pas le temps d’aller jusqu’à Brest comme nous l’aurions souhaité …  1 journée de navigation supplémentaire pour l'aller-retour nous aurait pourtant suffi .
La soirée au port de Douarnenez voit à nouveau 2 Suisses penchés sur leurs livres leurs atlas de courants et leurs cartes et les données météos pour étudier le passage retour du Raz de Sein dans les conditions de la journée qui va suivre. Celles-ci s’annoncent plus faciles, déjà le vent ira sensiblement dans le même sens que notre trajectoire de même que le courant,  ce qui simplifie considérablement la donne.


Le soleil est déjà levé lorsque nous appareillons....  panne de vent pour commencer puis un sympathique 3 Bf nous permettant un crochet à  l’anse St Nicolas vers la pointe de la Chèvre afin  d’attendre un peu, étant de nouveau un peu en avance sur l’horaire.


Les 12 miles qui nous séparent du Raz depuis la pointe de la Chèvre sont vite avalés  et cette fois ci le Raz est passé dans des conditions lémaniques, mer presque « miroir », 2 Bf, grand soleil,  à l’étale (avec toutefois 15 minutes de retard ).  Difficile d’imaginer que ce sont les mêmes lieux que la veille. Nous prenons notre temps pour photographier l’îlot de Tevenec, le phare de la Vieille, la tourelle de la Plate 


La Plate (à gauche) et le phare de la Vieille ( à  droite)

… tous étant des repères nécessaires pour le passage du Raz  l’île de Sein qui n’est pas dissimulée dans la brume ce jour-là . D’autres repères caractéristiques à la navigation s’ajoutent à notre observation: Les Chats, le phare de Sein etc…   Ce jour-là c’est vraiment « Pen’Ar »  à  la barre et à la lecture de carte ...


étale de basse mer avec le courant du jusant et un petit coefficient de marée, c'est tranquille...

Et l’opportunité d’un essai de pêche à la traîne à la  sortie du Raz . Nous attrapons 2 maquereaux que nous relâcherons aussitôt…. trop petits… et nous ne persistons pas car le Mergule est un bateau de régate et malgré notre expérience à le ralentir pour satisfaire notre assiette du soir, il monte facilement à des vitesses nettement supérieures aux 3 nœuds  favorables à la pêche aux maquereaux… Nous avons pourtant tout essayé ( sauf affaler les voiles) : vent arrière avec voiles complètement relâchées ou complètement bordées,  au près  avec voilées choquées etc… rien à faire, le Mergule qui accélère  toujours à 5 nœuds dès qu’on mouille la ligne  de pêche. Comme si nous lui faisions un affront, et nous pourrions presque l’entendre dire… "Mais je suis un bateau de course M’sieurs-dames moi, pas un bateau de pêche…"

c'est un voilier destiné à la course au large 

Nouvelle étape ce matin depuis Audierne … Nous longeons sa longue baie sablonneuse  avec de petits airs qui nous permettent toutefois de bien avancer. Nous croisons de nombreux voiliers anciens se rendant à la fête de « la Route de l’Amitié » . Des invités de marque, dont le voilier "Joshua" de Bernard Moitessier qui avait réalisé plusieurs tours du monde avec ce dernier dans les années 70.
Le voilier rouge que nous avons croisé  et photographié est il celui-ci ? c’est possible.
Est-ce "Joshua"?

En fait en regardant de près des documents sur internet il lui ressemble furieusement mais ce n’est pas lui… déception !!!












Ce jour-là plusieurs poissons lunes à la nageoire battant la surface de l’eau ont croisé notre sillage
(http://www.dinosoria.com/poisson_lune.htm)



Nous naviguons sur un magnifique bord de spi après avoir croisé la pointe de Penmarch, cette fois dans le soleil, avec de jolis surfs sur les vagues avec une petite houle nous permettent de foncer.
click ici: video spi à Penmarch
Nous nous amarrons à nouveau à Sainte-Marine alors que le courant de jusant est encore bien fort.. pas évident ..!!

le phare de Sainte-Marine

Cormorans perchés sur une balise tribord 

Nous fêtons notre passage aller-retour du Raz de sein en dégustant des crêpes, l’une d’elle, la meilleure parce que bien croustillante (farine de sarasin + poitrine+ fromage de chèvre+ confiture de figue et noix) … à se relever la nuit.


Pour le retour à La Turballe, nous prévoyons une navigation de jour puis de nuit depuis Sainte-Marine.

Les vents très faibles du matin et prévus le lendemain en décideront autrement car les  quelques heures de moteur de ces derniers jours et du matin jusqu’à l’archipel des Glénans ont bien entamés nos réserves. Nous sommes obligés de faire escale de ravitaillement en essence à Belle-Ile au milieu de la nuit où nous finirons la nuit au mouillage sur une bouée.













Nous avons rendez vous le surlendemain pour le grutage et la sortie de l’eau du bateau ce qui ne nous permet pas de fantaisies et un retard aurait été très ennuyeux…

allure de "grand largue, une main pour l'écoute de spi et une main pour la barre,


un coucher de soleil orangé 


L’un des plus beau spectacle de ce voyage aura été, lors du coucher de soleil à la pointe des Poulains de Belle-Ile,


au moment où nous affalions le spi par manque de vent et mettions le moteur en route une vingtaine de dauphins sont venus jouer autour de nous, jouer avec les vagues de l’étrave du bateau, des mouvements et des rythmes d’ensemble telle une danse … tout simplement extraordinaire !!!
click ici: video ballet de dauphins à la pointe des Poulains

Ce dimanche matin « la pétole »  (absence de vent) crainte pour notre dernière étape n’aura pas duré longtemps

puisque malgré un départ au moteur de Belle-Ile et une heure marquée par le bruit de notre 4CV nous avons pu terminer le voyage par des splendides bords de spi par 10 noeuds de vent, grand soleil et une mer belle sous la surface de laquelle nous avons croisé d’immenses méduses sans réussir à les photographier … Le Mergule est  de nouveau trop rapide.

Nous sentions bien lors de cette dernière étape que les navigateurs du Mergule profitaient de ces derniers milles de vent et d’eau salée. click ici : video  dernière étape au spi 
Et c’est avec une certaine tristesse d’avoir terminé notre périple que nous avons vu apparaître progressivement la côte, repéré le château d’eau et la plage caractéristiques de La Turballe et aussi de la joie d’avoir accompli une superbe boucle sur la côte atlantique, vivant de magnifiques moments à bord du Mergule et dans les lieux sympathiques  où nous avons accosté.

Une nuée de goelands typique du port de pêche La Turballe
Lundi, c’est grutage, dématâge, sanglage sur la remorque 










et le long voyage routier vers Genève
plus aérien le retour pour le Mergule